Qu’est-ce que la CONSCIENCE ?
Ce
mot vient du latin « conscienta » qui veut dire : connaissance
par la scienta ( le savoir ). En découle le mot conscient qui signifie : faculté qu’a l’homme de connaître sa
propre réalité et de la juger.
« La seule façon d’exister pour la conscience est d’avoir
conscience d’exister », d’après Jean Paul Sartre.
En un mot c’est la conscience en boucle.
Cela
veut-il dire pour autant que, sans avoir conscience d’elle-même, la conscience
n’existe pas ? Dans ce cas, la conscience sortirait, soit du RIEN, soit du
TOUT ; donc, dans ce dernier cas, du corps humain matériel. En
simplifiant, la première explication, issue du RIEN, serait celle des
spiritualistes, la seconde, issue du TOUT, celle des matérialistes.
Les
deux approches se rejoignent pour constater divers états de conscience :
troublés, modifiés, élargis ou diminués etc. Le dictionnaire nous précise
encore que, conscient : Sentiment inconscient
qui arrive ( qui vient du passé ou du futur vers le présent ) à la conscience,
pénètre dans le champ ( d’énergie ? ) de la conscience.
Dans
la définition ci-dessus, il y a une contradiction. Comment quelque chose qui
n’existe pas peut-il arriver de quelque part vers quelque chose ? Ou alors
l’inconscient n’était en fait que sub-conscient
et non pas inconscient. De plus, comment la conscience a-t-elle chargé
sa mémoire la première fois avec du conscient pour pouvoir exister ? Ou
encore, comment charger quelque chose qui n’existe pas encore ?
En
fait, l’étude de la conscience n’est pas un rapport entre le sujet-individu et
l’objet-conscience il s’agit d’une proportion qui permet de dépasser la vision
linéaire du TEMPS ( passé – présent – futur ) pour un niveau
sphérique. De ce niveau, on peut concevoir tout instant qui passe dans la durée comme un instant immobile vu du centre de la sphère.
Situation dans laquelle se trouverait un spectateur immobile au centre d’une
salle de cinéma sphérique où seraient projetées sur cet écran sphérique les
images mouvantes de sa vie dans l’écoulement du TEMPS. Le spectateur, en position de SUJET, retiré de l’OBJET du film, deviendrait conscient qu’il assiste à une illusion.
Il saurait alors, grâce à sa conscience élargie au-delà de son corps, qu’il est
à la fois acteur dans le film et spectateur dans la salle de cinéma. Il se serait dédoublé.
Pour
un acteur professionnel, ce paradoxe n’existe pas, mais cette situation est impensable pour un primitif ( dans la
brousse ) qui n’aurait jamais entendu parler de cinéma ni de télévision. Nous
représentons des consciences élargies, par rapport à eux, dans ce domaine du
cinéma.
De
ce point immobile, la troisième dimension de la pensée se dévoile en une
logique quaternaire ou logique de la double contradiction. Nous trouvons,
premièrement, le tournage du film où il y a le sujet, l’acteur, et l’objet, le personnage joué par l’acteur dans le
film, mais également la projection du film avec un sujet, l’acteur
devenu spectateur, et l’objet, le personnage du même film. Nous avons
bien quatre pôles et non plus deux.
Dans
l’Antiquité, esprit et matière étaient identifiés mais pas séparés. Nous
pouvons conclure que l’Univers est à la fois concret et abstrait. Il n’est en
fait que CONSCIENCE comme nous tenterons de le montrer. Si c’est le cas comme je le pense,
seule la conscience limitée peut progressivement comprendre la globalité de la CONSCIENCE.
Dans
cette hypothèse, notre conscience-mentale, le cerveau, qui analyse les
informations recueillies au cours de nos expériences individuelles et collectives
n’est qu’un outil au service d’un maître ( le maître du cœur, émanation
physique de la conscience ).
Ce
cerveau n’est ni plus ni moins qu’un organe plus sophistiqué que certains
autres de notre corps au service de la recherche de la connaissance ultime.
Seul
le niveau humain peut commencer à comprendre ce qu’est la conscience. Il lui
est encore difficile d’entrevoir les niveaux supérieurs de cette conscience
cosmique. Les artistes véritables essaient d’élever notre conscience jusqu’à la
super-conscience de l’esthétisme. Bien peu d’artistes sont des esthètes. De la
même manière, des êtres spirituels suffisamment éveillés tentent de nous faire
entrevoir le plan de la supra-conscience de l’amour universel. Sans doute
quelques-uns sont encore plus hauts, mais là, nous ne pouvons encore les
suivre.
La
CONSCIENCE
du VIDE ABSOLU
( notion que nous développerons plus tard ) serait à la fois la source et la
fin, comme Sartre en a peut-être eu l’intuition sans vraiment le comprendre. La
source est à la fois l’océan qui se transforme en nuages pour se précipiter
sous forme de pluie vers la terre où elle s’infiltre sous forme métaphorique de
subconscience jusqu’à l’inconscience.
Chaque
goutte d’eau se souvient pourtant inconsciemment ( sans en avoir conscience car
elle n’est pas encore source ) d’avoir été océan. Puis elle rejaillit source
subconsciente et retourne progressivement par les ruisselets, les ruisseaux,
les rivières et les fleuves de plus en plus consciente d’être une parcelle de
cette CONSCIENCE-OCEAN, jusqu’au jour où elle se fond dans l’océan d’où elle était issue.
Cette
fin recèle le mystère du VIDE ABSOLU, qu’aucune métaphore ni raisonnement ne pourront
expliquer. Mais au-delà de l’explication, nous pouvons trouver le sens, la
signification qui va plus loin que la raison. Cela s’appelle l’intuition.
Le
but de la vie serait de trouver un sens à la vie, une direction. Pour accomplir
cette mission nous disposons d’un corps,
d’un esprit et pour relier les deux
d’un lien, d’une âme
Tout
d’abord d’un corps, qui nous permet de faire des expériences. Dans ce corps, un
cerveau qui est l’organe de traitement des informations. De là partent tous les
ordres et arrivent tous les résultats.
Le cerveau,
Est un organe essentiel en constante
évolution, il semble bien que la conscience perfectionne cet outil au fur et à
mesure de son évolution. Le cerveau reptilien serait la partie primitive qui
contrôle les réflexes primaires … pour aboutir au cerveau actuel en deux
hémisphères. Ces deux hémisphères sont reliés ensemble par l’intermédiaire du
corps calleux. Pourquoi deux hémisphères au lieu d’un seul ? La conscience
avait sans doute besoin, pour faire ses expériences à la recherche d’elle-même,
de deux approches distinctes, et de plus contradictoires, pour établir un
dialogue intérieur.
Nous
savons bien qu’un monologue est stérile s’il se prolonge. Pourtant il est
indispensable, pour être constructif, que deux points de vue soient reliés vers
un objectif unique. L’arcane du Tarot « le chariot » nous montre
cela : un chariot, un conducteur qui contrôle deux chevaux se dirigeant en
sens opposé. Le lien, c’est le conducteur ( à l’image du corps calleux ) qu’il
ne faut pas confondre avec le maître du cerveau.
Qui
est le chef d’orchestre de l’ensemble, le maître du conducteur ? C’est le
troisième élément du système, c’est l’esprit du conducteur à la recherche de l’ESPRIT
GLOBAL.
Que recherchent les
neuro-biologistes ?
Ils
recherchent, à travers les composants du cerveau, les connexions entre les
neurones par les synapses et les réactions physico-chimiques etc., la
localisation à l’intérieur du
cerveau des différents phénomènes extérieurs
observés par le sujet. Ils ont ainsi localisé les zones de la parole, de la
mémoire, de la réflexion, de l’attention etc. Ils auraient même localisé les zones de la conscience.
Dans
ce cas les matérialistes auraient raison, la conscience serait à l’intérieur du cerveau. Est-ce si
sûr ?
Plus
probablement, les chercheurs auraient localisé les zones où certains aspects de
la conscience se manifestent localement. Les spiritualistes peuvent les suivre
sur ce terrain car, pour eux, la conscience est incarnée dans la totalité de la
matière. En fait, la matière n’est que conscience comme tout l’univers !
Le
docteur Antonio Damasio, directeur du département de neurologie à l’université
d’Iowa, a étudié une multitude de cas de lésions cérébrales associées à des
déficits extrêmement précis.
Ces
observations permettraient de préciser les contours de la géographie de la
conscience dans le cerveau.
Son
dernier livre porte sur la conscience. Pour lui, ce serait le corps et les sentiments qui ont permis l’apparition de cette
étrange capacité du cerveau.
D’après
lui, il y aurait dans le cerveau une « représentation du corps » qui
serait le précurseur du sentiment de soi. Continuellement, ce dispositif
fournit de façon non consciente une image de l’état du corps. Ce qu’il appelle
la conscience-noyau
( l’effet ) se produit lorsque le
cerveau ( la cause ) forme un compte rendu en images de l’objet à connaître.
Le
mot « sentiment » : Vient de SENTEMENT = sentir, soit avoir la sensation
d’une qualité ou la perception d’un objet, d’un fait. Conscience plus ou
moins claire, soit une connaissance comportant des éléments affectifs et
intuitifs.
Il
s’agit en dernière analyse d’une connaissance qui est tout sauf matérielle.
Reprenons
les mots soulignés ci-dessus et analysons-les.
Il
s’agit :
d’une
part d’une sensation par l’intermédiaire des cinq sens, notion concrète
de quelque chose ou de quelqu’un, qui affecte le sujet par des éléments
affectifs ;
d’autre
part, d’une perception intuitive, notion abstraite, d’une ou plusieurs
qualités.
Si
nous reprenons l’énoncé de la phrase du docteur Damasio, il y aurait dans le
cerveau ( à quel endroit précis ? ) une représentation abstraite du corps
qui serait le précurseur ( abstrait ) du ressenti de soi par l’intermédiaire
des sens ( concrets ). Comment le corps ( les sens ) produirait-il ce
précurseur ? Comment le matériel produit-il de l’immatériel cependant
concret puisque localisé dans le cerveau ?
Pour arriver à ses conclusions, le docteur Damasio localise dans le
cerveau les manifestations de dégâts accidentels ou non. Puis il constate des
effets pathologiques, en un mot des troubles du comportement. Il en déduit,
abusivement à mon avis, la cause de l’effet, la présence de la
conscience-noyau. Analogiquement il confond la bombe et les dégâts qu’elle
cause.
Ce
n’est pas parce qu’une lésion dans un endroit précis du cerveau, occasionnée
par un accident, se traduit par un comportement anormal ou pervers bien défini,
que l’on doit en déduire que l’absence de lésion est la source automatique d’un
comportement moral normal. Il est question plus probablement de la destruction
de l’outil qui permettait d’avoir ce comportement et non l’inverse. Je conteste
qu’il s’agisse là d’une preuve rationnelle, il s’agit plutôt d’une supposition.
Il
doit être clair que je ne critique pas l’ensemble des travaux remarquables du
docteur Damasio en soulevant ce point précis.
Il
conclut : « Faute d’un cerveau sain, certains individus ne peuvent jamais se
comporter comme il faudrait ». Je partage tout à fait ce dernier
point de vue. Sans outils il est impossible de réaliser un projet concret.
La
signification qu’il nous donne de la conscience est la suivante, fort peu
réjouissante : « La conscience humaine est source de drame ».
Pourquoi à son avis ? « Parce qu’elle nous donne les moyens
de créer une vie meilleure ( matérielle bien sûr puisqu’il n’y a rien
hors du cerveau et du corps ) mais le prix à payer est élevé ».
Il
poursuit de cette façon : « La connaissance des risques, des
dangers, des souffrances pour atteindre le plaisir nous gâche le plaisir qui,
de plus, est inaccessible en absolu ». Si je le comprends bien, ce drame de la condition humaine
reposerait sur un troc. D’un coté la possibilité d’une existence meilleure mais
gâchée par la connaissance, en échange de l’innocence où nous vivons cette
existence. En définitive un marché de dupe, un échange sans équivalence. Dans
ce cas, si nous sommes informés de cette issue, pourquoi chercher à
connaître ?
L’approche
de la psychanalyse jungienne, dans l’observation des comportements, me paraît
plus convaincante. Elle nous parle de la double nature de l’homme divisée en anima
et animus, la part féminine et masculine coexistant en chacun de nous. Cette
double personnalité est à l’image des deux hémisphères de notre cerveau. Là
encore il est indispensable, pour vivre équilibré, d’assumer individuellement
nos deux natures, féminine intuitive, masculine rationnelle.
Il
n’est pas équilibrant globalement pour la société d’affirmer que les femmes
sont plus intuitives et les hommes plus rationnels. Il s’agit probablement du
résultat d’un conditionnement social qui a favorisé davantage l’un des aspects
chez les uns et chez les autres.
L’expérience
clinique a prouvé que « fendre » le corps calleux aboutit à des
troubles du comportement. Le schizophrène a fendu psychiquement quelque chose
en lui qui affecte son comportement.
En
définitive, il importe que notre conscience trouve sa juste mesure, pour
qu’ainsi, ni notre imagination, ni notre raison ne soient les maîtresses de
notre vie.
Nous devons canaliser nos
désirs ( instincts, sentiments, pulsions ) afin qu’ils acceptent les commandements
de notre esprit ( de notre conscience, et non de notre cerveau ). Notre
conscience, si nous la laissons s’exprimer, cherche à éloigner de nous tout ce
qui est superflu, insignifiant ( sans signification ), pour au contraire
éveiller notre intérêt à tout ce qui exprime la beauté, l’harmonie, la joie de
vivre qui, nous dit le Yi Jing, ne se manifeste que dans l’instant présent.
Ce texte est extrait de mon livre : " Etre heureux c'est facile " publié chez Tara Glane éditions le 13 janvier 2011
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